À Deauville, le G8 est tombé d’accord pour condamner le promoteur de la fameuse révolution verte libyenne et ne lui laisser que la chance de quitter le pouvoir.
Dimitri Medvedev qui s'est aligné sur la position des Occidentaux pour réclamer son départ a annoncé l’envoi d’une délégation à Benghazi, la capitale des insurgés. Le monde ne considère plus Kadhafi comme le leader libyen, a déclaré le président russe. La Russie s'était abstenue lors du vote à l'ONU de la résolution 1973 autorisant des frappes internationales contre Tripoli, mais refusait jusqu'à présent de soutenir les appels des États-Unis et de la France au départ de Mouammar Kadhafi. Moscou va cependant tenter la médiation de la dernière chance auprès de Kadhafi à qui le G8 a renouvelé l’opportunité de s’installer à l’étranger.
Auparavant, l’union Africaine avait dépêché pour la énième fois auprès de Kadhafi, son médiateur, le président Zuma d’Afrique du Sud, apparemment sans succès. Sur le terrain, le régime du dictateur de Tripoli ne semblait prêt à aucune concession. L'Otan l'a accusé d'avoir posé un champ de mines autour de Misrata, une ville que ses forces loyalistes cherchent à reprendre.
L'objectif de Kadhafi est d'empêcher non seulement la reprise de la ville stratégique de la Cyrénaïque entre les mains de l’insurrection et la Tripolitaine où règne encore Kadhafi, a déclaré le commandant en chef de l'opération de l'Alliance atlantique contre le régime libyen, le général Charles Bouchard. Il faut donc s’attendre à une intensification des raids sur la capitale libyenne, déjà pilonnée sans arrêt mais aussi à l’entrée au sol des forces franco-britanniques mues par la résolution du G8 qui a posé le principe que “Kadhafi avait perdu toute légitimité, qu’il n'a pas d'avenir dans une Libye libre et démocratique, qu’il doit partir”.
On rappelle que le président américain a rallié sans coup férir tout le G8 à sa nouvelle politique dans le Maghreb-Machrek qui consiste à soutenir de pied ferme le printemps arabe et à le promouvoir partout sur la scène arabe. Vendredi à Deauville, Barack Obama a prévenu que la coalition allait finir le travail en Libye, un avertissement à tous les régimes qui retardent, d’une manière ou d’une autre, l’avènement de la démocratie et des libertés universelles auxquelles aspirent la jeunesse et les femmes arabes.
En Libye, “nous sommes déterminés à finir le travail” (to finish the job), a-t-il déclaré, aux côtés de l’hôte du G8, son homologue français Nicolas Sarkozy. C’est on ne peut plus clair. La pression du calendrier pousse l’Otan à mettre le paquet. Le mandat libyen de l'Organisation atlantique, d'une durée de quatre-vingt-dix jours, s'achèvera fin juin. Il peut bien sûr être reconduit, mais les alliés seront pressés de produire des résultats d'ici là.
Avec un premier rendez-vous encore plus proche : un conseil de l'Otan convoqué pour le 8 juin à Bruxelles et, dans la foulée, une réunion aux Émirats arabes unis du “groupe de coordination” politique sur la Libye. Kadhafi, caricature, s’il en est besoin, des dictatures et autres systèmes autoritaires dans la sphère arabe, en proie à une révolte sans précédent depuis la mi-février et sous le feu depuis plus de deux mois des raids d'une coalition internationale intervenue le 19 mars pour assurer la protection des civils. L’insurrection a poussé près de 750 000 personnes à fuir, selon l'ONU, et fait des milliers de morts selon le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, qui veut poursuivre Mouammar Kadhafi pour crimes contre l'humanité.
Mais, acculé au départ depuis des semaines, frappé par des sanctions et affaibli par des défections, la dernière étant celle de l’ensemble de sa représentation à Bruxelles, celui qui règne sur la Libye depuis près de 42 ans, reste inébranlable. “Connaissant l'homme, je ne crois pas qu'il va partir”, a déclaré à Deauville en marge du G8, le secrétaire général sortant de la Ligue arabe, Amr Moussa, candidat à la succession de Moubarak, l’ex-pharaon du Caire qui doit incessamment répondre des crimes de ses 33 années de pouvoir absolu, devant les juridictions de son pays.
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